Le rock progressif a-t-il encore sa place en 2007 ?

Publié le par Sylvain Z

Après plusieurs articles et annonces de concerts, je publie ici ma première contribution à la rubrique «Dossiers». En effet, il me semble intéressant de débattre avec vous de l'importance du rock progressif. Cité en exemple pour ses groupes légendaires (Pink Floyd, King Crimson, Genesis...), souvent critiqué à cause de ses morceaux longs et complexes, le rock progressif a-t-il encore sa place en 2007 ?

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En lisant le dernier numéro de Rolling Stone (n°50 de la version française), je suis tombé sur un article fort intéressant intitulé «Le rock progressif serait-il de nouveau à la mode ?
». Je dois bien l'avouer, je ne suis pas un lecteur régulier de Rolling Stone mais, cette fois-ci, le sujet m'a interpellé. L'article en question a en effet le mérite d'expliquer très clairement comment le mouvement progressif est tombé en désuétude avant de se relancer - récemment - par le biais de groupes comme Porcupine Tree ou Marillion. Le journaliste de Rolling Stone raconte aussi comment certaines formations ont fait preuve d'astuces - assez surprenantes - pour contourner les règles du marché musical : albums et tournées auto-produits, conférences avec des fans, disques vendus en exclusivité sur leur site internet... Le rock progressif serait donc de nouveau à la mode...

Ils ont tout piqué aux vieux !

Même les personnes les plus réservées sur l'importance du rock progressif sont bien forcées de reconnaître un nouveau phénomène très étrange. En effet, on ne compte plus, aujourd'hui, le nombre de groupes étiquettés «rock indépendant» ou «pop rock» qui enregistrent des morceaux de 5 à 8 minutes ou qui proposent des concept-albums. Sincèrement, qui aurait cru que Green Day - fer de lance de la scène punk et machine à tubes des années 90 - retrouverait le sommet des charts, après des années de galères, avec American Idiot, un concept-album ultra politique ?

Je ne m'en cache pas, j'ai toujours apprécié le mouvement prog. Parmi les premiers disques qui ont envahi mes lecteurs de CDS, on trouvait par exemple : Genesis (période Peter Gabriel), Pink Floyd, Supertramp... Je suis donc déjà un «vendu». Mais ce qu'intéresse beaucoup, c'est de voir que des formations comme Marillion - qui ont connu la gloire aux grandes heures de la musique prog - sont encore là en 2007. Alors bien sûr, Marillion ne joue plus à Bercy comme en 1987 mais ce groupe remplit tous les ans l'Elysée Montmartre. C'est bien la preuve d'un véritable succès. Et puis, les derniers albums des Anglais sont plus proches aujourd'hui de ceux enregistrés par certains groupes de pop rock. Ils sont d'ailleurs très accessibles comparés aux morceaux de la période Fish - premier chanteur du groupe. Enfin, il faut bien le dire, les dinosaures du prog (Spock's Beard, The Flower Kings...) font de la résistance. Leurs albums se succèdent à un rythme effréné et ils sont en concert en France année après année. Soyons sérieux, un groupe ne peut survivre plus de vingt ans en s'appuyant uniquement sur la fibre nostalgique...

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Le rock progressif, une musique moderne ?

Ce que je trouve plus passionnant encore c'est comment certains éléments caractéristiques de la musique prog ont été récupérés par les artistes les plus novateurs. Le formidable succès de Tool est à ce titre très révélateur. Voilà une formation qui a enregistré des albums ultra-complexes composés de morceaux fleuves et qui remplit les stades ! Les critiques ont encensés - avec raison - Aenima, Lateralus et 10 000 Days et le grand public a tout de suite accroché. Après deux séries de concerts en 2006 et 2007 - dont deux Zénith de Paris complets -, Tool sera, cette année, l'une des têtes d'affiche du festival Rock en Seine ! Les prochains concerts de Marillion sont déjà presques tous complets, de même que ceux de Genesis cet été. A une époque où les maisons de disques sont affolées par la chute des ventes de CDS, il est heureux de voir que certaines musiques dites vieillotes (rock progressif, hard rock...) font preuve d'un vitalité déconcertante.

Mieux encore, les nouvelles pousses de scène indépendante - dont beaucoup raffolent - se sont mis à piquer des idées à leurs aînés sans perdre leur popularité. Les Strokes ont cartonné avec First Impressions of Earth, un album très référencé rock assez éloigné de Is This it ? Même les Arctic Monkeys se sont mis au solos sur Favourite Worst Nightmare, leur nouvel opus bientôt dans les bacs. Après le renouveau du rock progressif, on peut déjà parier sur un retour du hard rock - au moins dans les riffs et l'attitude de nombreux groupes. C'est comme ça, l'histoire du rock est un éternel recommencement. Photo DR

 

Publié dans Dossiers

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